– La scolastique du Moyen-Age
La scolastique domine l’enseignement universitaire au Moyen-Age ; elle est essentiellement fondée sur des interprétations et répétitions plus ou moins figées de la philosophie d’Aristote (parfois d’ailleurs en contradiction avec les dogmes religieux : ex: éternité du cosmos).
L’idée de nature, et d’ordre naturel, est centrale dans la physique d’Aristote : il s’agit, pour répondre à la question « pourquoi ? », de décrire des qualités, à partir des sensations, observations immédiates.
Pas ou peu de mathématique, donc, dans la description aristotélicienne de la nature.
– Le néo-platonisme Galiléen
Chez Platon le savoir supérieur consiste en l’intuition des « essences », (idées), par opposition aux sensations.
La mathématique appartient à ce type privilégié de savoir.
Transmises par les Arabes, les conceptions platoniciennes vont servir de base à l’apparition de la physique mathématique (et donc la science moderne), en particulier avec Galilée. Pour ce dernier la physique mathématisée parle le langage de Dieu : à charge pour la scientifique de reconstruire ce langage.
La sensation, ou encore l’expérience, n’est pas prioritaire, et même elle est souvent inutile dans cette construction : « […] et moi, sans expérience, je suis sûr que l’effet s’ensuivra comme je vous le dis, puisqu’il est nécessaire qu’il s’ensuive […] ». Si on recourt à l’expérimentation c’est surtout pour en tirer,par la mesure, des nombres utiles à la mathématisation.
* Cette conception trouve très nettement ses prolongements dans les développements ultérieurs de la physique (Newton 1700,… Einstein 1910, Heisenberg 1930, Hawkins 1980 …) et tout spécialement dans l’élaboration des théories actuelles, ultra mathématisées.
– « Maître et possesseur de la nature »(Descartes 1630)
L’émergence de ces conceptions coïncide avec la structuration d’une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie.
Son ambition, la conquête et l’utilisation de la nature, trouve un support idéologique et un moyen d’action dans la science mathématisée en construction.
* Mais cette science nouvelle en élaboration est définitivement le siège d’une CONTRADICTION importante : elle est le produit de la pensée rationnelle (qui prétend à l’objectivité mais repose sur des visions subjectives du monde) et en même temps elle doit rendre compte de la réalité et de plus permettre l’action sur la nature.
La suite de l’histoire oscillera en permanence entre les deux pôles de cette contradiction : rationalisme ou réalisme.
– Les Lumières ; du rationalisme au réalisme
Si idée de Progrès s’installe donc au 18ième siècle (en même temps que les notions d’évolution et d’histoire, y compris en science ) il lui faut des preuves !
Progressivement, l’observation des « faits » et l’expérimentation s’imposent comme source de la connaissance, même si on ne nie pas le rôle de la Raison qui accueille et vérifie ces observations. (Réaumur, Nollet, Buffon…).
Au profit de l’efficacité on renonce en fait à une connaissance absolue de la réalité. En même temps les scientifiques se spécialisent, restreignent leur champ d’investigation. La science ne se confond plus avec la technique, l’art ou la philosophie. L’entreprise encyclopédique, en voulant faire un état unifié des connaissances, montre bien cette diversité des domaines d’activité.
– Science et / ou Culture ?
Le 19ième siècle voit une coupure nette :
L’idéologie du progrès se structure autour du Scientifisme (positivisme d’A.Comte par exemple) alors qu’en opposition absolue se développe le Romantisme.
L’héritage nous est familier : déjà au Lycée on « est » soit disant littéraire ou scientifique.
A la fin du 19ième la physique semble détenir une description a peu près cohérente et achevée : on ne prévoyait pas alors les remises en question du début du 20ième (Relativité d’Einstein 1905, mécanique quantique des particules 1930 …).
Il faut noter que le rationalisme revient alors en force : ces théories s’élaborent presque sans support expérimental, comme par opposition à la physique classique du 19ième (Einstein fait souvent appel à des « expérience de pensée »); des confirmations expérimentales ne viendront que bien des années plus tard. Ces théories font aussi appel à des visions du monde bien nouvelles (unification de l’espace et du temps en relativité; insuffisance de l’idée de particule localisée en mécanique quantique…).