Science et éthique
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/38/A/55353
———————————-
Berthold Brecht. L’achat du cuivre. 1939-1955.
« Plus nous arrachons de choses à la nature grâce à l’organisation du travail, aux grandes découvertes et inventions, plus nous tombons, semble-t-il, dans l’insécurité de l’existence. Ce n’est pas nous qui dominons les choses, dirait-on, mais les choses qui nous dominent. Or cette apparence tient à ce que certains hommes, par l’intermédiaire des choses, dominent d’autres hommes. Nous ne serons libérés des puissances naturelles que lorsque nous serons libérés de la violence des hommes. Si nous voulons profiter en tant qu’hommes de notre connaissance de la nature, il nous faut ajouter à notre connaissance de la nature la connaissance de la société humaine. »
—————————————–
https://la-philosophie.com/science-sans-conscience
La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme
Rabelais était un sceptique, le fondateur du scepticisme moderne. Il a critiqué ceux qui ne connaissent ni la peur ni les limites humaines. Rabelais est le penseur d’une condition humaine modeste, consciente de sa finitude. Cette philosophie de la finitude est assez proche de celle de Pascal (cf. le roseau pensant), défendant une nature humaine faible, mais forte en ce qu’elle a conscience de sa faiblesse, contrairement aux forces de la nature physique. Le constat de Rabelais est assez proche : une connaissance (ce qu’il appelle “science”) non réflexive (“sans conscience” autrement dit) ne permet pas à l’homme de se l’approprier, et donc de progresser. Elle est inutile, en somme. Son injonction peut donc être formulée : pour devenir sage, sachez que vous sachez. Si Bacon a été le philosophe le plus inventif de l’époque de la Renaissance, Rabelais a été le plus imaginatif des écrivains de la Renaissance. Rabelais disait: «La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme.” Cette pensée peut aussi être considérée comme l’amorce de la bioéthique, cette discipline cherchant à réconcilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale.
La recherche désintéressée vaut pour elle-même ; elle est en soi une valeur. Le savant n’a pour but que la recherche de la vérité, et n’a pas à se préoccuper d’autre chose. Ainsi Galilée, grâce à sa lunette, a-t-il construit une représentation de l’univers, héliocentrique, dont le seul critère, sur le plan cognitif, était sa capacité à rendre compte du réel. Une théorie scientifique n’est donc ni bonne ni mauvaise. Elle est vraie ou fausse ; elle est vraie tant qu’elle n’a pas été réfutée. Cependant, le savant est aussi un citoyen du monde ; à ce titre, l’utilisation du formidable pouvoir que ses découvertes confèrent à l’humanité ne peut lui être indifférente. Avec les découvertes concernant le clonage, la procréation médicalement assistée, les organismes génétiquement modifiés, sans parler de bien des découvertes en physique, en chimie, les limites du pouvoir humain reculent considérablement : l’éthique devient une part obligée des préoccupations de tout chercheur réellement digne de ce nom. « Science sans conscience est donc bien ruine de l’âme »… et peut-être même de l’humanité toute entière ; Rabelais avait pressenti la formidable responsabilité du savant, qui implique de sa part qu’une réflexion morale, éthique, donc philosophique accompagne ses recherches. Cette éthique doit être une affaire collective, démocratiquement débattue pour éviter toute censure (par exemple comme celle qui en son temps frappa Galilée, ou qui, aujourd’hui encore, interdit l’enseignement de Darwin dans certains Etats américains). C’est peut-être ainsi que la philosophie, qui ne peut plus être « la science des sciences » étant donné le développement et le degré de spécialisation de celles-ci, retrouve toute sa place aux côtés des chercheurs.
——————————
Tous les documents indiqués sont téléchargeables à l’adresse DOCS (dossier epistemologie (3) ethique)
——————————
Modeste collection documentaire pour analyser et débattre… Les points d’amorçage abondent : la bombe, le progrès, les manipulations génétiques, les sources d’énergies (fossiles, nucléaires, renouvelables, batteries…), le captage du CO2, la géo-ingénierie, les vaccins, les big-datas, l’IA…
[science-ethique.pdf]
[pouvoir-devoir.pdf]
[responsabilite-sociale.pdf]
[societe.pdf]
[maitriser.pdf]
[progres.pdf]
[relativisme.pdf]
[isc.pdf]
———————————–
On pourra consulter également :
——————————
Tous les documents indiqués sont téléchargeables à l’adresse DOCS (dossier epistemologie (3) ethique)
———————————————————